PERVENCHES ET GENTIANE QUI GUERISSENT

Un collier de pervenche guérissait les maladies des yeux L’équivalent symptomatologique chez les bovins est la fièvre aphteuse qui provoque des aphtes, notamment dans la bouche. Des colliers étaient mis pour prévenir cette maladie en incorporant dans un sachet soit du chêne en Haute-Bretagne et dans la Beauce, soit du frêne, de l’œnanthe ou de l’ail en Basse-Normandie. Le choix d’un collier se fait donc par la proximité du mal à soigner ou à prévenir : les dents, les affections de la bouche (aphte, croup) et tout ce qui touche aux vers dont le discours populaire fait toujours craindre une méningite.

La bouche, les dents et le cerveau concernent bien toute cette partie au-dessus du cou ; il faut également ajouter les yeux. Les chevaux et les vaches souffrant de maladies oculaires pouvaient être guéris par des colliers de pervenche dans le Limousin, ou de chélidoine en Poitou et Basse-Normandie.

Beaucoup d’enfants ont été traités par ces colliers de végétaux. Il n’était pas rare non plus d’en mettre au cou des adultes ; mais les maladies citées sont dans ce cas différentes : neuf brins de gentiane permettent de guérir la fièvre dans le Périgord, les oignons de colchique calment les sueurs nocturnes en Ille-et-Vilaine. Chez les femmes, le collier peut toucher les seins et on pourrait comprendre cette affinité à faire couper le lait. Pourtant les colliers sont aussi cités chez les animaux avec cette même fonction et, dans ce cas, on ne peut plus évoquer la proximité de la mamelle. Le sevrage de l’enfant (donc l’arrêt de la lactation) chez l’homme intervient au moment où les dents font irruption dans sa bouche. Le collier est donc suspendu dans ce cas lors de cette période de sevrage, aussi bien chez l’enfant (pour les maux de dents et leurs conséquences), que chez la mère (qui subit la douleur des seins gorgés de lait).

Quoi qu’il en soit, les colliers de persil et de bouchons de liège sont cités dans beaucoup de régions de France pour couper le lait des femmes, des chiennes ou des chattes. Dans le Tarn, on retrouve aussi des colliers de rue suspendus au cou des chiennes et des chattes. Le sortilège concerne aussi bien les hommes que les bêtes. Un collier contenant des plantes est utile pour les prévenir et pour vaincre le sort. Il ne s’agit plus d’une seule maladie et le rituel devient plus complexe, plus riche également en données symboliques pour vaincre ce mal invisible. En Saintonge, un bouquet de feuilles de noyer suspendu au cou des brebis au matin de la Saint-Jean permettait de prévenir les maléfices. Finalement, les colliers sont couramment employés dans des moments critiques : le sevrage, la sortie des dents, les sortilèges.

EXTRAIT du livre : L’herbier des paysans, des guérisseurs et des sorciers

A l’époque moderne, les affaires de sorcellerie révèlent de nombreux éléments qui concernent l’alimentation et les croyances contemporaines. Les procès de sorcellerie font état d’ingrédients pour des préparations alimentaires, à usage thérapeutique ou non. Une des questions soulevées par ces sources judiciaires est de savoir si ces femmes accusées de sorcellerie avaient réellement un pouvoir de vie ou de mort sur les villageois, si leurs concoctions, parfois présentées comme des remèdes, pouvaient effectivement guérir ou au contraire rendre malade, voire tuer. Les éléments utilisés dans la cuisine des sorcières sont d’origine végétale, animale, minérale et parfois même humaine. L’aspect symbolique de la nourriture et la dimension magique apportée par les sorcières sont largement admis par tous les villageois. De plus, les sorcières sont parfois accusées de nuire directement en détruisant les récoltes à l’aide de leur chaudron maléfique. Le manque de nourriture et la famine sont présentés comme des circonstances atténuantes à leur acceptation du pacte avec le diable. D’autre part, les interdits alimentaires pendant le sabbat et l’abondance au banquet diabolique dévoilent les tabous et les rêves des sorcières et des démonologistes. Le sabbat est censé atteindre son paroxysme avec le cannibalisme des convives mangeant, notamment, des enfants non baptisés. Les nombreuses croyances liées à la cuisine des sorcières sont le reflet des mentalités de la communauté villageoise, les accusées de sorcellerie inclues, et, plus largement, des élites de l’époque.

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