Une perception qui varie d’un individu à l’autre : la douleur

La douleur est une sensation extrêmement complexe à laquelle chacun réagit de façon totalement différente. Une même personne peut aussi réagir plus ou moins fort à la douleur selon le moment de la journée et les circonstances. Des études ont montré que lorsque nous nous concentrons sur une douleur, nous la ressentons beaucoup plus intensément. En revanche, lorsque notre attention est détournée par une quelque chose d’agréable, nous la ressentons moins. L’angoisse, le stress et la dépression renforcent également la perception que l’on a de la douleur.

Plus la sensation de douleur se prolonge dans le temps, plus le seuil de la douleur s’abaisse et le nombre de stimuli envoyés au cerveau augmente. Conséquence ? La sensation de douleur se renforce. C’est pourquoi il est très important d’intervenir immédiatement pour que la douleur ne passe pas du stade aigu au stade chronique. Dans ce contexte, les antalgiques constituent une aide efficace.

Mais tout médicament peut, comme on le sait, entraîner des effets secondaires. C’est pourquoi les antalgiques non seulement ne conviennent pas à tout le monde mais qu’en plus, on ne peut pas augmenter la dose à l’infini. D’où l’intérêt des thérapies alternatives qui viennent prendre le relais et permettent de limiter le recours aux antalgiques.

Une influence délibérée

Toute une série de processus émotionnels jouent un rôle dans la douleur. Prenons, par exemple, le cas de deux personnes qui éprouvent une douleur lancinante dans la poitrine. La première a perdu un parent d’un infarctus du myocarde. Elle redoute d’en avoir un également. Son angoisse et son inquiétude abaissent son seuil de tolérance à la douleur, si bien que tous les stimuli douloureux arrivent directement au cerveau. La seconde est un sportif qui fait du fitness. Il impute ses douleurs thoraciques à sa séance de la veille et sait qu’elles disparaîtront spontanément après quelques jours. Comme il y prête peu d’attention, il relève son seuil de la douleur et la perçoit moins.

Ce processus est inconscient mais il est possible de le provoquer. C’est précisément l’objectif de diverses thérapies non médicamenteuses. Angoisse, stress, agitation, colère et impuissance sont des sentiments négatifs qui exercent un effet démultiplicateur sur la douleur. Toute technique visant à les combattre permet donc de les atténuer.

Masquer la douleur à l’aide d’autres stimuli

Il existe une série de techniques de traitement de la douleur basées sur la « théorie de la porte ». Selon cette théorie, avancée en 1965 par le psychologue Melzack et l’anatomiste Wall, la moelle épinière transmet non seulement les signaux de douleur au cerveau, mais est également capable de les moduler. Ils comparent ce processus à une sorte de porte qui peut être ouverte ou fermée pour laisser plus ou moins de stimuli douloureux.

Ceux-ci seraient bloqués lorsqu’on sature les nerfs avec d’autres signaux sensoriels. Nous appliquons tous spontanément cette théorie. Si, par exemple, nous nous cognons la main sur le coin de la table, nous la frottons immédiatement avec énergie. Différentes techniques telles que les massages ou les applications de chaleur ou de froid recourent au même principe.

Les origines de la douleur

Les récepteurs de la douleur (appelés aussi nocicepteurs) sont situés aux terminaisons des nerfs sensoriels. En cas d’altération des tissus (à la suite d’un coup, d’une entorse, d’une inflammation,…), l’organisme libère des substances qui stimulent directement ou indirectement les nocicepteurs. Certaines substances telles que l’histamine, la sérotonine et la bradykinine stimulent les récepteurs, alors que d’autres, telles que les prostaglandines, augmentent leur sensibilité.

Le nocicepteur envoie, par l’intermédiaire des neurones, le stimulus douloureux au cerveau via la moelle épinière. Les neurones sont soit de fines fibres à conduction lente (fibres C) ou des fibres plus épaisses à conduction rapide (fibres delta A). Le message qui arrive au cerveau est : « J ‘ai mal, à tel endroit, avec une telle intensité « . La stimulation des fibres C entraîne une douleur sourde, lancinante, la stimulation des fibres delta A une douleur vive. La moelle épinière n’est pas qu’une simple étape intermédiaire des stimuli sur le chemin du cerveau.

L’information diffuse y est concentrée et sélectionnée. L’ensemble du système nerveux est en effet très sélectif.

À tous les niveaux, du nocicepteur jusqu’au cerveau, l’information relative à la douleur peut être influencée, ce qui peut renforcer ou atténuer sa perception.

Extrait tiré de l’article : https://plusmagazine.levif.be/sante