Nous guérissons tous de l’intérieur

Nous vivons tous des conflits, petit sou grands. La fuite, l’attaque, la stratégie nous permettent de les gérer à court terme. Et si on s’écoutait ? Ces conflits nous perlent de nous, de nos valeurs, de nos besoins. Ils peuvent être une opportunité à saisir pour réfléchir à nos fonctionnements habituels ; Et les modifier. La théorie des « blessures intérieures » de Daniel Maurin par exemple nous met en garde : ce qui est étouffé à l’intérieur de nous, s’imprime et finit par causer un traumatisme (blessure)…

Accueillir avec bienveillance nos émotions et les reconnaître comme des messages d’alerte est donc un réflexe à acquérir. Les blessures intérieures sont des traumatismes (abandon, accident, maladie,  échec, humiliation, injustice…) qui ont été mémorisés dans l’inconscient et dans les cellules. Certaines réactions d’aujourd’hui – le plus souvent disproportionnées par rapport au déclencheur, telles par exemple une violente colère après une petite contrariété, une tristesse profonde après une simple remarque, un ulcère qui se réveille dans un moment de stresse, sont l’indice qu’une blessure d’hier s’est rouverte.

Notre corps est traversé par 3 énergies : l’énergie mentale, l’énergie émotionnelle et l’énergie psycho-spirituelles. Dans nos sociétés, c’est l’énergie  vitales : l’énergie mentale (pensée, intellect) qui est privilégiée. La pensée nous gouverne, nous guide et se faisant, remet en doute nos émotions et nos intuitions. « Quand on est trop dans le mental, on ne peut plus s’arrêter de penser. C’est compulsif, ça tourne, ça tourne. La pensée est le seul maître à bord. Au point que l’on se met à négliger ses besoins primaires (manger – dormir)…. Cela est très néfaste pour le corps. Le mental doit être au service de l’Etre et pas l’inverse. cite Déscartes.

L’énergie psycho-spirituelle, ce sont nos rêves, nos valeurs, notre mission de vie, tout ce qui est en rapport avec la réalisation de soi : par exemple, réussir un rôle de mère. C’est l’énergie qui s’exprime dans un besoin : avoir besoin d’être reconnue en tant que telle.

Notre thérapeute intérieur

Au milieu de cette forêt d’énergies, vit notre thérapeute intérieur. Il travaille sans relâche à entretenir la forêt : c’est-à-dire à équilibrer tout cela pour que notre vie se passe au mieux. En prenant conscience nos émotions (= je suis en colère) et des besoins insatisfaits qui y sont liés (= parce que je ne me sens pas reconnues par mon enfant), nous aidons notre thérapeute intérieur dans sa tâche. Sachant cela, comment résoudre un conflit ? « Ne me sentant pas reconnue par mon fils comme une bonne mère (besoin non satisfait), je me mets en colère (émotion) et je l’agresse verbalement (action). Je suis donc entrée en conflit avec lui ».

Selon la méthode de « Guérison des Blessures intérieures », je prends conscience de mon besoin et de mon intérêt à le satisfaire personnellement. Aussitôt je libère mon fils de ce poids injuste. Je nous délie du conflit du conflit et nous pouvons enfin nous ouvrir à une énergie créatrice positive.

Les relations entre personnes sont faites d’énergies vibratoires négatives, neutres ou positives, nous explique Jean-Berghmans Nahimana. Lorsque l’énergie vibratoire est négative, les personnes sont en conflit.

Lorsque l’énergie vibratoire est positive, les sujets sont autonomes et créatifs. « Bien souvent, lorsqu’un conflit trouve une délivrance, on observe que els personnes concernées retrouvent un intérêt mutuel et cherchent à s’aider. Il est important, conclut le thérapeute, de faire le deuil de son vivant de nos attentes projetées sur les Autres. Souvent, couper le lien permet de mieux aimer ».

D’un point de vu religion – vu par Samuel BENETREAU

Délicat problème de la relation entre le spirituel et le psychique et traduit un besoin de clarification. Peut-on distinguer aussi nettement que certains auteurs les maladies spirituelles, d’une part, des troubles psychiques, séquelles des blessures passées, d’autre part ?

Si l’on prend le cas de « Pierre », cité comme exemple-type de guérison de traumatisme psychologique lié à des souvenirs paralysants, ne suffit-il pas de dire que sa faute spirituelle n’a pas manqué d’avoir des effets sur son psychisme et que, tout simplement, par l’initiative miséricordieuse du Christ ressuscité, il reçoit l’assurance de son pardon et peut donc reprendre avec joie le service de ses frères. Comme sa faute, sa guérison est spirituelle et, à son tour, elle retentit sur tout l’être intérieur.

Constatons d’ailleurs que cette restauration n’a nécessité ni prière spécifique, ni imposition des mains, ni technique : Pierre s’est ouvert à l’action du Seigneur en recevant sa parole. Ne faut-il pas redouter que la guérison intérieure n’en vienne à être comprise comme une délivrance qui donne accès à un niveau supérieur de spiritualité, où les problèmes seraient définitivement résolus, où la sérénité et l’épanouissement psychique se trouveraient en quelque sorte garantis ? Nous ne prétendons pas que les « têtes » du mouvement nourrissent nécessairement de telles illusions, mais leur discours risque de les encourager. John Wimber écrit à propos de Pierre : à partir de ce moment-là, « il devint une personne pleinement guérie, jouissant d’une bonne santé émotionnelle ».

Il est significatif, pensons-nous, que l’épître aux Galates nous rapporte un épisode où, de l’avis de Paul, Pierre a une nouvelle fois succombé à la crainte des hommes et à l’hypocrisie (Ga 2.11-14). Pierre est resté un homme fragile en lui-même, mais que la grâce de Dieu a soutenu magnifiquement tant que sa communion spirituelle avec son Seigneur restait intacte.

On ne peut séparer le psychique du spirituel, pas plus que les confondre. Le Dr. Bruno Fabre écrit : « la vie spirituelle n’est ni totalement réductible à la vie psychique de l’homme et purement conditionnée par elle, ni inversement vraiment séparable d’elle. Si bien qu’un véritable discernement spirituel ne saurait méconnaître les implications psychologiques de la vie spirituelle.., et inversement, si je peux dire. » Ceci admis, il importe de bien voir de quelles ressources dispose le chrétien lorsque, en tant que tel, il veut secourir des frères en détresse.

Ces moyens propres sont la communication de la Parole de Dieu, l’exhortation, la prière, le soutien fraternel. S’il a recours à d’autres moyens, à des techniques fournies par la psychologie moderne, il est préférable de le savoir et de le dire.

Fac-réflexion n° 12 − avril 1989, p. 8-17