Qui peut prétendre bien se connaître

 Qui a le sentiment de maîtriser tout son univers  intérieur, de dominer parfaitement son esprit, d’être toujours en pleine conscience de ses pensées et de ses actes ?

Comme l’exprime habituellement cette citation de Sigmund Freud, nul ne peut prétendre se connaître parfaitement car la conscience n’est que la partie émergée de l’iceberg, tandis que l’inconscient, représenté par la zone immergée de cet iceberg, constituerait le « moi », notre psychisme.

La majeure partie de nos pensées naît de notre inconscient et cette zone intérieur qui fait partie de nous, mais dans le même temps échappe à notre contrôle, nous fait peur et souvent nous submerge … Mais n’existe-t-il pas différents degrés de conscience ? Prenons-nous vraiment le temps d’analyser tous les messages qui nous parviennent depuis la zone mystérieuse de notre inconscient ?

Tels des automates, nous sommes la plupart du temps guidés par nos émotions inconscientes et par les conditionnements et réflexes sociaux (éducation, habitudes ancrées dans la société, règles de savoir vivre ;..), bien plus que par notre conscience libre et indépendante ; Ce n’est pas pour autant qu’il faut abandonner toute recherche de soi. Au contraire, c’est en prenant conscience de cette situation que nous avançons et devons persévérer dans la recherche de la connaissance de soi.

Nous ne pouvons pas tout résoudre grâce à l’intelligence et au raisonnement ; Certaines pensées échappent à notre connaissance objective de nous-mêmes ; celles qui sont dictées par nos émotions, pures produits de l’inconscient. Que faire ? Laisser parler notre cœur, écouter ce qu’il y a à dire sans refouler systématiquement les pensées qui en émanent, libérer nos émotions … et poursuivre ainsi notre chemin intérieur vers la connaissance de nous-mêmes.

« Connais-toi toi-même »

Socrate reprenant la maxime inscrite sur le temple d’Apollon à Delphes.

Cette célèbre devise a le mérite de nous rappeler le but essentiel de la démarche que nous devons mener constamment tout au long d e notre vie, le but vers lequel nous devons tendre sans relâche pour accéder à la sagesse.

Néanmoins, il ne faut pas oublier la suite, trop souvent passée sous silence, de la maxime qui était inscrite sur le temps de Delphes : « Connais-toi toi-même … et tu connaîtras les dieux ». Celui qui parvient à la connaissance de soi,  la sagesse, devient l’égal de Dieu. En d’autres termes, cette devise nous rappelle notre condition d’être humain, mortel et imparfait, elle nous invite à prendre conscience de nos propres limites, de notre véritable identité et par là même de notre liberté potentielle.

« Connaitre les autres, c’est sagesse. Se connaître soi-même, c’est sagesse supérieure »

Notre tendance première est de vouloir connaître les autres, de les analyser afin de mieux les comprendre et parfois de leur apporter notre aide. Lao-Tseu nous rappelle ici que, si cette démarche altruiste est un pas en  vers la sagesse, elle ne doit pas pour autant nous détourner de notre recherche primordiale et essentielle : la connaissance de soi.

Il est nécessaire avant toute autre démarche de se penser à l’intérieur de soi, avant même de se tourner vers autrui. Ce n’est qu’en ayant fait connaissance avec son monde intérieur que l’on peut faire face aux autres avec honnêteté, amour et sincérité.

Bouddha va plus loin encore : pour parvenir à la paix intérieure et à la véritable sagesse, il est indispensable d’apprendre à contrôler son esprit, à ne plus se laisser envahir par des pensées négatives et inutiles ; ‘est à cette condition seulement que vous pourrez apporter le bonheur et la paix à votre entourage. Pour Bouddha, le contrôle de l’esprit passe par la médiation. En outre, de la paix de l’esprit naît la paix du corps, la santé mentale étant indissociable de la santé physique dans la philosophie bouddhiste. En d’autres termes, il faut au préalable être soi-même en bonne santé mentale pour nourrir des relations saines avec autrui.

Contrairement aux idées reçues, toutes nos perceptions émanent de notre monde intérieur : c’est à l’intérieur de nous-mêmes que naissent nos émotions, indépendamment des contraintes extérieures ; Autrement dit, si nous sommes en paix avec nous-mêmes et libérés des pensées qui affluent de notre inconscient, rien ne peut nous empêcher d’être parfaitement heureux et de garde le sourire même sous un temps maussade, dans l’adversité ou dans la pauvreté. A l’inverse, si nous ne parvenons pas à nous libérer des émotions négatives qui empoisonnent notre espace intérieur, nous ne parviendrons pas à ressentir une once de bien être même si nous nous offrons un voyage à l’autre vous de la terre ou un séjour sur une plage paradisiaque.

Dans la même veine que ce proverbe algérien, Alexandra David-Neel nous confie : « Le calme et la quiétude sont choses qui dépendent plus des dispositions intérieures de l’esprit que des circonstances extérieures et l’on peut les goûter même au milieu d’une apparente agitation ».

En somme, lorsque vous n’avez pas le moral, il est inutile d’incriminer ce et ceux qui vous entourent mais indispensable d’entamer une démarche d’introspection, de tendre vers une meilleure connaissance de soi.

Le chemin vers la sagesse et la connaissance de notre monde intérieur est long et difficile. Il nécessite un courage et une persévérance que nous ne pouvons puiser qu’en nous-mêmes. La sagesse, ça se mérite et vous êtes le seul maître à bord du vaisseau qui vous y conduira.

Ne vous laissez pas influencer par les apparences et guider par la facilité. Ce qui importe avant toute chose, c’est ce qui se passe à l’intérieur de vous-mêmes. Votre petite voix intérieure peut beaucoup plus pour vous que votre voix physique. Favorisez toujours la recherche de votre véritable identité et explorez sans relâche les chemins de la connaissance de soi avant de prendre la parole.