Les Sorcières comme guérisseuses

La Sorcières est accusée non seulement de meurtre et d’empoisonnement, de crimes sexuels set de conspiration, mais aussi d’aider et de soigner. Comme l’exprime un éminent chasseur de sorcières anglais : « Il faut toujours se souvenir que par sorcière nous entendons non seulement celles qui tuent et tourmentent mais aussi tous les devins, les enchanteurs, les prestidigitateurs, tous les sorciers, communément appelés, homme ou femme-« sages »….

Comptons aussi toutes les bonnes sorcières qui ne font pas de mal mais le bien, qui n’abiment ni détruisent, mais sauvent et délivrent .. il vaudrait mille fois mieux pour la Terre que toutes les Sorcières, et particulièrement les Sorcières bienveillantes, meurent »…..

Les sorcières-soignantes étaient souvent les seuls « médecins » généralistes d’une population qui n’avait ni docteur ni hôpitaux, et qui souffrait cruellement de la pauvreté et de la maladie. L’association entre saucière et sage-femme était particulièrement forte : « personne ne cause plus de tort à l’Eglise catholique que le sages-femmes » écrivaient les chasseurs de sorcières Kramer et Sprenger….

La femme sage, ou sorcière, avait une foule de remèdes éprouvés par des années d’emploi. Beaucoup de remèdes à base de plantes développés par les sorcières ont encore leur place dans la pharmacologie moderne. Elles avaient des remèdes contre la douleur, pour faciliter la digestion, des agents anti-inflammatoires ; elles utilisaient l’ergot contre les douleurs de l’enfantement, à une époque où l’église soutenait que ces douleurs du travail étaient le juste châtiment du Seigneur pour le péché orignal d’Eve. Des dérivés de l’ergot sont les principaux médicaments utilisés aujourd’hui pour hâter le travail dans l’accouchement et aider à la remise sur pied après l‘enfantement.

D’ailleurs, LA BELLADONE -encore employée aujourd’hui comme antispasmodique- était utilisée par les sorcières pour arrêter les contractions utérines lorsqu’une fausse couche menaçait. La digitale, médicament toujours important pour le traitement des maladies de cœur, aurait été découverte par une sorcière anglaise…

Les méthodes des Sorcières-médecins étaient une menace aussi grande pour l’Eglise catholique, que leurs résultats, car la sorcière était empiriste ; elle se fiait plsu à ses sens qu’à la foi ou la doctrine, elle croyait à l’essai et à l’erreur, à la cause et à l’effet. Son attitude n’était pas religieuse et passive, mais de recherche active. Elle faisait confiance à sa capacité à trouver les moyens de faire face à la maladie, à la grossesse et à la naissance ou par des remèdes ou par des sortilèges. En bref, sa magie était la science de l’époque.

L’ascension de la profession médicale européenne

Tandis que les sorcières exerçaient dans le peuple, les classes dirigeantes cultivaient leur propre race de soignants laïques, les médecins de formation universitaire. Au siècle précédant les chasses aux sorcières – le 13ème siècle- la médecine européenne s’établit fermement comme science laïque et comme profession. La profession médicale sera activement engagée dans l’élimination des femmes soignantes bien avant que commencent les chasses aux sorcières.

L’extermination des femmes soignantes

L’établissement de la médecine comme profession demandant des études universitaires, permit aisément d’écarter légalement les femmes de la pratique. A quelques exceptions près, les universités étaient fermées aux femme (même aux femmes de classes supérieurs qui pouvaient se le permettre), et des lois furent établies pour interdire la pratique à tous ceux qui ne sortiraient pas de l’université.

Etat après état, de nouvelles lois rigoureuses, règlementant l’exercice de la médecine consacrèrent le monopole des médecins. Tout ce qui restait à faire était de se débarrasser des derniers bastions de l’ancienne médecine : les sages-femmes.

En 1910 environ 50 % des enfants étaient mis au monde par des sages-femmes, la plupart étant des Noires ou des immigrantes appartenant à la classe ouvrière.

La seule occupation restant aux femmes dans le domaine de la santé, était celle d’infirmière. Le métier d‘infirmière n’avait pas toujours existé comme occupation rémunérée – il devait être inventé. Au début du 19è siècle, une « infirmière » était simplement une femme qui, à l’occasion, donnait des soins à quelqu’un : un enfant malade ou un parent âgé. Il y avait des hôpitaux et ils employaient des infirmières … mais les hôpitaux de l’époque servaient surtout d’asile aux pauvres en train de mourir, ne recevant que des soins symboliques.

La persécution des sorcières culmine aux xvie et xviie siècles et coïncide avec la Renaissance, c’est-à-dire le début de l’époque moderne qui est caractérisé par l’humanisme et les débuts de l’imprimerie. Les sorcières étant des boucs émissaires, dans le sens de la théorie de René Girard, les chasses aux sorcières correspondent aux périodes de guerre (guerres de religion, guerre de Trente Ans) et les malheurs du temps (famines, épidémies etc.). Les grands penseurs humanistes ne s’élevèrent pas contre ce mouvement, à l’exception de Heinrich Cornelius Agrippa von Nettesheim qui fut attaqué pour soutien à la sorcellerie.

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